L’exploitation des gaz de schiste a deux conséquences potentiellement majeures pour l’environnement.
• La première est mondiale, la consommation de gaz participant à l’effet de serre et donc aux changements climatiques. L’effet varie suivant l’énergie à laquelle elle se substitue.
• La seconde conséquence est locale avec notamment des risques de pollution des nappes souterraines par manque d’étanchéité des forages (le risque étant aggravé pour le gaz qui est par nature éruptif par rapport aux huiles plus denses) et de pollution des sols (en cas de fuite des canalisations). La consommation d’eau est élevée (15 000 à 20 000 m3 par puits). L’implantation des machines à forer et des installations connexes peut émettre du bruit et avoir un impact important sur les paysages.
Source :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Quels-sont-les-risques-pour-l,21062.html
Plus précisément, quels sont les risques en Luberon ?
Le saccage du paysage.
Imaginez la vallée du Calavon, de Saint-Martin-de-Castillon à Cavaillon, hérissée de derricks !
Cette vision de cauchemar est pourtant d’actualité.
L’extraction des huiles et gaz de schiste s’effectue en effet par forage de puits horizontaux d’environ 1000 m de long.
Les stations d’extraction avec derrick, pipe-line et fausse de décantation (superficie moyenne : 1 hectare) s’érigeront donc à raison d’une tous les deux kilomètres. Toute la Provence ressemblera-t-elle bientôt à Fosse-sur-Mer ?
La pollution des eaux.
Des quantités astronomiques d’eau sont nécessaires. On parle de 10 000 m3 pour pratiquer une seule fracturation, étant entendu que chacun des puits horizontaux qui partent en étoile depuis le puits vertical peut être fracturé jusqu’à 20 fois.
L’eau est mélangée avec une multitude de produits chimiques dont certains très dangereux pour les organismes vivants (voir le Bilan toxicologique et chimique de André Picot, toxicochimiste). Seule entre 30 et 50 % de cette eau polluée est remontée à la surface (avec le gaz et l’huile de schiste) et sera retraitée pour être en partie réutilisé dans les futures fracturations.
Entre 50 et 70 % de l’eau polluée utilisée reste dans la roche.
- L’eau de la Durance sera-t-elle suffisante pour alimenter cette industrie ?
- En période de sécheresse, alors que les glaciers alpins rétrécissent chaque année, ne devrait-on pas réserver l’eau à des productions plus vitales comme l’agriculture ?
- Comment penser que l’eau polluée par les produits chimiques et les hydrocarbures ne finira pas par polluer les nappes phréatiques ?
- Comment peut-on nous faire croire que les gaines des puits de forages seront assez étanches en toute circonstance pour éviter une pollution généralisée ?
- Et comment croire que l’eau polluée restera sagement dans la roche à 2000 m de profondeur sans jamais s’échapper vers la mer et polluer au passage les Sorgues et le Calavon ?
- Même si un jour, on découvre le moyen de se passer des produits chimiques et de procéder à une fracturation « propre » avec de l’eau pure, les produits autres que les hydrocarbures enfermés, eux aussi, dans la roche depuis des millions d’années remonteront fatalement vers la surface et pollueront à leurs tours les nappes phréatiques.
Les feux de forêts
Il faut être un pétrolier suédois ou australien, (ou peut-être un rond de cuir ministériel) pour ignorer que la Provence est une zone à risque en matière d’incendies forestiers.
En revanche, il n’est pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour imaginer le risque que ferait courir pour les forêts et la population un forage gazier sur nos terres de soleil.
Mais, pour qui manque d’imagination, le spectacle réel d’un derrick d’extraction de gaz de schiste en feu en Pennsylvanie (USA) suite à un malheureux (et naturellement improbable) accident devrait être en mesure de remettre les idées en place.
Des tremblements de terre.
Une fracturation hydraulique horizontale revient à procéder artificiellement à un miniséisme. Ce dernier, à son tour, peut provoquer un séisme un peu plus fort. C’est ce qui vient de se passer en Grande-Bretagne.
- Doit-on rappeler que le Luberon est une zone sismique à risque ?
- Comment peut-on imaginer jouer ainsi à l’apprenti sorcier ? L’actualité japonaise, hélas, est là pour nous rappeler que l’homme est bien petit face à la nature.
Et même de la radio-activité !
Du fait de la remontée de substances enfouies à plus de 2000 mètres de profondeur (par exemple du radium), l’extraction des gaz et huiles de schiste par fracturation hydraulique horizontale de la roche peut même provoquer une montée de la radio-activité des eaux de surface.
C’est déjà ce qui se produit dans certaines régions des États-Unis : « [aux USA] on avoue dans des documents internes ne pas savoir totalement éliminer la radioactivité de ces eaux usées. Problème : les stations d’épuration situées en aval des bassins de décantation ne testent pas toujours la radioactivité. Par exemple en Pennsylvanie, aucun prélèvement n’a été fait depuis 2006. » (Rue 89).
Nous ne sommes pas ici en mesure de dire si le sous-sol du Luberon contient ou non du Radium ou d’autres minerais radio-actifs, mais il serait peut-être prudent d’y regarder à deux fois.
Qu’en pensez-vous ?