La fracturation hydraulique provoque bien des séismes.

4 06 2011

Journal de l’environnement
1er juin 2011

par Geneviève De Lacour

Les opérations de forages de gaz de schiste ont été suspendues en Grande-Bretagne suite à un nouveau tremblement de terre. Ce second séisme a touché la région de Blackpool vendredi dernier, 27 mai, alors que la société Cuadrilla Resources, qui mène les opérations de forage dans cette région du Lancashire, était en train d’injecter des fluides sous haute pression dans le sous-sol afin de faire exploser la roche-mère qui contient le gaz naturel.

Selon le bureau géologique britannique (BGS, selon l’acronyme en anglais), le séisme de la semaine dernière, d’une magnitude de 1,5 sur l’échelle de Richter, a touché la même région de Blackpool que celui du mois d’avril dont la magnitude avait atteint 2,3.
«Il est très probable que ces séismes soient relatifs à la fracturation hydraulique», déclare Brian Baptie du BGS. «Nous avions quelques instruments positionnés près du forage et ils montrent clairement que l’épicentre des deux séismes est situé près du site et à une faible profondeur.»

Et il rajoute: «Il est bien connu que de telles opérations de forage (par fracturation hydraulique) peuvent entrainer de petits séismes.»
Au sujet des tremblements de terre de Blackpool, le BGS déclare: «Toute technique qui injecte de l’eau sous pression dans la roche en profondeur peut provoquer une fracturation de la roche et peut potentiellement déclencher un séisme. Typiquement, ces tremblements de terre induits sont trop faibles pour être ressentis, pourtant il existe de nombreux exemples de séismes induits de la même façon mais de plus forte magnitude».

Source: journal de l’environnement





Quels sont les risques pour l’environnement de l’exploitation des gaz de schiste ?

4 06 2011

L’exploitation des gaz de schiste a deux conséquences potentiellement majeures pour l’environnement.

•    La première est mondiale, la consommation de gaz participant à l’effet de serre et donc aux changements climatiques. L’effet varie suivant l’énergie à laquelle elle se substitue.

•    La seconde conséquence est locale avec notamment des risques de pollution des nappes souterraines par manque d’étanchéité des forages (le risque étant aggravé pour le gaz qui est par nature éruptif par rapport aux huiles plus denses) et de pollution des sols (en cas de fuite des canalisations). La consommation d’eau est élevée (15 000 à 20 000 m3 par puits). L’implantation des machines à forer et des installations connexes peut émettre du bruit et avoir un impact important sur les paysages.

Source :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Quels-sont-les-risques-pour-l,21062.html

Plus précisément, quels sont les risques en Luberon ?

Le saccage du paysage.

Vallée du Calavon et Luberon

Imaginez la vallée du Calavon, de Saint-Martin-de-Castillon à Cavaillon, hérissée de derricks !

Cette vision de cauchemar est pourtant d’actualité.

L’extraction des huiles et gaz de schiste s’effectue en effet par forage de puits horizontaux d’environ 1000 m de long.

Les stations d’extraction avec derrick, pipe-line et fausse de décantation (superficie moyenne : 1 hectare) s’érigeront donc à raison d’une tous les deux kilomètres. Toute la Provence ressemblera-t-elle bientôt à Fosse-sur-Mer ?

La pollution des eaux.

Des quantités astronomiques d’eau sont nécessaires. On parle de 10 000 m3 pour pratiquer une seule fracturation, étant entendu que chacun des puits horizontaux qui partent en étoile depuis le puits vertical peut être fracturé jusqu’à 20 fois.

L’eau est mélangée avec une multitude de produits chimiques dont certains très dangereux pour les organismes vivants (voir le Bilan toxicologique et chimique  de André Picot, toxicochimiste). Seule entre 30 et 50 % de cette eau polluée est remontée à la surface (avec le gaz et l’huile de schiste) et sera retraitée pour être en partie réutilisé dans les futures fracturations.

Entre 50 et 70 % de l’eau polluée utilisée reste dans la roche.

  • L’eau de la Durance sera-t-elle suffisante pour alimenter cette industrie ?
  • En période de sécheresse, alors que les glaciers alpins rétrécissent chaque année, ne devrait-on pas réserver l’eau à des productions plus vitales comme l’agriculture ?
  • Comment penser que l’eau polluée par les produits chimiques et les hydrocarbures ne finira pas par polluer les nappes phréatiques ?
  • Comment peut-on nous faire croire que les gaines des puits de forages seront assez étanches en toute circonstance pour éviter une pollution généralisée ?
  • Et comment croire que l’eau polluée restera sagement dans la roche à 2000 m de profondeur sans jamais s’échapper vers la mer et polluer au passage les Sorgues et le Calavon ?
  • Même si un jour, on découvre le moyen de se passer des produits chimiques et de procéder à une fracturation « propre » avec de l’eau pure, les produits autres que les hydrocarbures enfermés, eux aussi, dans la roche depuis des millions d’années remonteront fatalement vers la surface et pollueront à leurs tours les nappes phréatiques.

Les feux de forêts

Il faut être un pétrolier suédois ou australien, (ou peut-être un rond de cuir ministériel) pour ignorer que la Provence est une zone à risque en matière d’incendies forestiers.

En revanche, il n’est pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour imaginer le risque que ferait courir pour les forêts et la population un forage gazier sur nos terres de soleil.

Mais, pour qui manque d’imagination, le spectacle réel d’un derrick d’extraction de gaz de schiste en feu en Pennsylvanie (USA) suite à un malheureux (et naturellement improbable) accident devrait être en mesure de remettre les idées en place.

Des tremblements de terre.

Une fracturation hydraulique horizontale revient à procéder artificiellement à un miniséisme. Ce dernier, à son tour, peut provoquer un séisme un peu plus fort. C’est ce qui vient de se passer en Grande-Bretagne.

  • Doit-on rappeler que le Luberon est une zone sismique à risque ?
  • Comment peut-on imaginer jouer ainsi à l’apprenti sorcier ? L’actualité japonaise, hélas, est là pour nous rappeler que l’homme est bien petit face à la nature.

Et même de la radio-activité !

Du fait de la remontée de substances enfouies à plus de 2000 mètres de profondeur (par exemple du radium), l’extraction des gaz et huiles de schiste par fracturation hydraulique horizontale de la roche peut même provoquer une montée de la radio-activité des eaux de surface.

C’est déjà ce qui se produit dans certaines régions des États-Unis : « [aux USA] on avoue dans des documents internes ne pas savoir totalement éliminer la radioactivité de ces eaux usées. Problème : les stations d’épuration situées en aval des bassins de décantation ne testent pas toujours la radioactivité. Par exemple en Pennsylvanie, aucun prélèvement n’a été fait depuis 2006. » (Rue 89).

Nous ne sommes pas ici en mesure de dire si le sous-sol du Luberon contient ou non du Radium ou d’autres minerais radio-actifs, mais il serait peut-être prudent d’y regarder à deux fois.

Qu’en pensez-vous ?





Qu’est-ce que le gaz et l’huile de schiste ?

4 06 2011

Le gaz de schiste et l’ huile de schiste sont des hydrocarbures contenus dans des roches sédimentaires argileuses, situées entre 1 et 3 kilomètres de profondeur, qui sont à la fois compactes et imperméables.

Le gaz de schiste

C’est un gaz « non conventionnel », c’est à dire un gaz qui se trouve piégé dans la roche et qui ne peut pas être exploité de la même manière que les gaz contenus dans des roches plus perméables. Son exploitation nécessite le plus souvent des forages horizontaux et une fracturation hydraulique de ces roches profondes. Le gaz remonte à la surface à travers un tube en acier puis rejoint un gazoduc.

L’huile de schiste

Il s’agit de pétrole contenu dans une roche que les géologues appellent « roche mère ». Cette roche mère était initialement un sédiment marin très riche en matière organique (comme par exemple le plancton). Avec l’enfouissement au cours des temps géologiques, la matière organique sous l’effet d’un accroissement de la température s’est transformée en pétrole qui imprègne la totalité du sédiment devenu une roche microporeuse et imperméable (c’est-à-dire dont les pores de taille microscopique ne communiquent pas entre eux). 
Une partie du pétrole contenu dans la roche mère a été expulsée et a migré vers le haut jusqu’à rencontrer une roche magasin (appelée « poche » populairement) protégée par une barrière étanche pour former un gisement dit « conventionnel ». Une autre partie du pétrole, plus importante (appelé « huile de schiste » populairement), est restée piégée dans la roche mère pour former un gisement de pétrole dit « non conventionnel ».

Il y a une quinzaine d’années, on ignorait comment exploiter ce gaz contenu dans ces formations géologiques. Ce gaz est aujourd’hui extrait en grande quantité aux États-Unis où il représente 12 % de la production locale de gaz contre seulement 1 % en 2000. En Europe et notamment en France, l’évaluation de ce type de ressources démarre à peine. Selon certains experts, les réserves mondiales de gaz de schiste seraient 4 fois plus importantes que les ressources en gaz conventionnel.

Source :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Qu-est-ce-que-le-gaz-et-l-huile-de.html





Gazland, un film de Josh Fox

2 06 2011

Les ravages de l’exploitation des gaz et huiles de schiste aux États-Unis.

GazlandGazland, première partie.

Gazland, seconde partie.

Gazland, troisième partie.

Gazland, quatrième partie.

Gazland, cinquième partie.

Gazland, sixième partie.





Comment extrait-on le gaz de schiste ?

19 05 2011

Le gaz et les huiles (pétrole) de schiste sont aussi appelés couramment gaz et pétrole non conventionnels. Alors que les gaz et pétroles conventionnels se trouvent dans des poches qu’il « suffit » d’atteindre par le percement de puits verticaux pour les extraire, les gaz et huiles de schiste sont enkystés dans la roche elle-même, appelée « roche-mère ».

Une technologie complexe dite « fracturation hydraulique horizontale » doit donc être mise en oeuvre pour les remonter à la surface.

La fracturation hydraulique horizontale de la roche mère.

Pour extraire les gaz et huiles non conventionnels, il convient au préalable de fracturer la roche.

Pour ce faire, il faut creuser un puits d’abord à la verticale puis, une fois la roche de schiste atteinte, le faire obliquer à 90°.
Le puits d’extraction non conventionnel forme ainsi un coude dont la partie basse est orientée à l’horizontale.

Il s’agit ensuite de fracturer la roche en la faisant exploser, de façon à provoquer de petites fissures. Une fois la roche explosée, on injecte à très haute pression et en quantité phénoménale un mélange d’eau, de produits chimiques et de sable (ou de microbille d’argile).

Les produits chimiques, mélangés à l’eau ont plusieurs fonctions :

  • ils favorisent la pénétration du sable ou des billes de céramique dans les fractures (ex. : l’acide chlorhydrique).
  • ils augmentent la productivité des puits. Les agents gélifiants augmentent ainsi la viscosité de la boue de forage. Le persulfate d’ammonium (produit allergisant) permet de faire remonter la phase liquide en laissant le sable au fond du puits. Pour maintenir la fluidité du gel, lorsque la température du puits augmente, il faut ajouter des agents de liaison (cross linker) à base de dérivés oxygénés du bore comme l’acide borique et les borates, lesquels sont classés « reprotoxiques » par l’Union européenne.
  • les produits biocides réduisent la prolifération bactérienne dans le fluide de fracturation, mais aussi dans les puits eux-mêmes.

(source : Bilan toxicologique et chimique de l’exploration et de l’exploitation des huiles et gaz de schiste ou hydrocarbures de roche-mère par fracturation hydraulique).

Le sable ou les petites billes d’argile ont quant à eux pour fonction de maintenir ouvertes les fissures, provoquées par l’explosion et la pression de l’eau, de façon à ce que le gaz ou le pétrole puissent s’en échapper et remonter à la surface, mélangés à de la boue (composée d’eau, de produits chimiques, de sable, et de roche-mère).

Une fois la boue qui contient l’huile ou le gaz remontée à la surface, il convient enfin de la traiter afin d’en isoler les hydrocarbures et de dépolluer (autant que possible) l’eau pour réutilisation.

Schema fracturation de la roche

Méthode d'extraction du gaz de schiste

Infographie explicative intéractive :





Bilan toxicologique et chimique

12 05 2011

Bilan toxicologique et chimique de l’exploraiton et de l’exploitation des huiles et gaz de schiste ou hydrocarbures de roche-mère par fracturation hydraulique.

Par André Picot

Toxicochimiste

Directeur de recherches honoraires CNRS Expert français honoraire auprès de l’Union européenne pour les produits chimiques en milieu de travail Président de l’Association Toxicologie-Chimie (Paris).

Paris le 3 mai 2011.